Témoignage du chauffeur Jérôme
« Bonjour je m’appelle Jérôme H.
J’ai 25 ans et je fais un métier que j’aime et qui me passionne. Cela n’a pas été si facile d’y arriver mais ça y est ! Je bosse dans ce secteur qui me donne l’envie de me lever tous les matins. Je suis conducteur de poids lourds.
A la base, je voulais aller à l’armée et notamment, conduire des camions mais mon père m’a découragé. Alors je suis allé à l’école agricole où j’ai fait une 3ème technique. Ce milieu est très difficile si on n’est pas fils de fermier. Je me suis alors orienté vers des études d’électromécanique, puis usinage commandes numériques. J’avais toujours l’idée de devenir conducteur de poids lourds. J’ai obtenu mon CESS. Mes parents étaient heureux et moi aussi. J’ai décidé de reprendre des études en conducteur poids de poids lourds. J’ai dû «redescendre» en 5ème professionnelle pour apprendre le métier à l’école. J’ai fait 2 ans à l’école Don Bosco de Liège.
Je conseillerais cette formation aux jeunes qui veulent apprendre le métier de chauffeur. Ce n’est pas un métier qui s’improvise. J’ai apprécié être avec des jeunes qui avaient plus ou moins mon âge. La cohésion d’équipe m’a encouragé à étudier. Il y avait une très bonne entente entre les profs. On avait intérêt à bien bosser. En fonction du potentiel de chacun ; on était tiré vers le haut de nos capacités. Pour moi, c’était plus facile que d’autres car je roulais avec des engins agricoles depuis l’âge de 12 ans. En plus, dans cette formation, on est pas obligé d’avoir 18 ans et de détenir son permis de conduire B. On peut rentrer à 16 ans et aller sur la route avec un professeur dès que l’on atteint 17 ans. Pour ma part, j’ai commencé à rouler avec un MAN et ensuite avec un VOLVO. Après 2 ans, j’avais tous mes permis en main et je pouvais directement travailler. Comme j’avais déjà mon CESS, je ne me suis pas inscrit en 7ème professionnelle mais je le conseille quand même aux jeunes car dans la vie ce diplôme pourra sans doute me faire évoluer.
Quand je suis sorti de l’école, j’ai eu la chance de trouver un employeur qui m’a fait confiance et je l’en remercie car on manque d’expérience même si on est très bien formé. Maintenant, cela pourra être plus facile car c’est possible de faire des PFI. Je suis resté chez cet employeur environ 17 mois et je suis parti chez un autre employeur.
J’ai aussi pu décrocher mon brevet cariste et pontier, le BA4 et le BEPS. Je suis rentré chez mon second employeur via une agence d’intérim.
Je faisais les nuits. Je travaillais entre 18h00 et 6h00 du matin. J’ai adoré !!! Les routes sont calmes la nuit mais il faut tenir et ce n’est pas donné à tous. Ce métier, c’est ma vie. Je ne pourrais pas me retrouver dans une usine avec une cloche qui sonne quand c’est fini.
Si je devais parler de mon métier à quelqu’un qui veut devenir chauffeur, je lui dirais :
- Il faut bien connaître son métier, c’est la base ;
- Il ne doit pas avoir peur de faire des heures. Un 8h00-16h00, ce n’est pas possible. En moyenne, je commence à 5h00 et je rentre à 19h00 ;
- Il faut aimer rouler ;
- Il faut beaucoup de patience (sur la route, avec les clients…), on doit attendre parfois longtemps avant de charger … beaucoup d’entreprises fonctionnent sur rends-vous et s’il y a du retard… je vous fais pas le dessin…
- Etre à l’écoute et à l’affût de tout ce qui se passe sur la route (infos route à écouter en permanence) ;
- Parler avec sa copine ou sa femme pour qu’elle puisse bien comprendre le métier que l’on fait et qu’elle puisse mieux l’accepter. En effet, quand je rentre, j’ai juste envie de dormir et de me reposer…On doit accorder nos vies mais c’est possible ;
- Avoir une compagne qui apprécie aussi les camions et qui vous accompagne de temps en temps c’est l’idéal. Pour ma part, je suis en couple et cela se passe plutôt bien ;
- Il faut accepter la flexibilité. En effet, à tout moment, je peux être appelé s’il y a un problème. J’ai un contrat de 6 jours mais je ne roule pas toujours les 6 jours. Je dois être prêt quand même.
- Dans l’entreprise dans laquelle je suis pour le moment, et pour vous donner une petite idée de mon salaire actuel, je touche en net 2.400€. Je ne déloge pas, je fais du national, je suis sous contrat 6 jours et je suis en couple. Je suis payé à temps. Je reçois une avance le 15 et le dernier jour ouvrable de chaque mois. Le solde éventuel entre le 10 et le 20 du mois suivant.
Je voudrais encore vous parler d’une formation que je viens de faire et qui va me permettre de mieux accompagner les nouveaux chauffeurs dans l’entreprise. J’ai été choisi par ma direction pour devenir tuteur. C’est le Fonds Social du Transport et de la Logistique qui propose et organise cette formation à toutes les entreprises du transport et de la logistique de son secteur. J’y ai appris des techniques de communication. J’ai un bon souvenir des jeux et des mises en situation. Je ne me suis jamais ennuyé. On apprend à parler avec calme. Endosser le rôle de « nouveau » m’a permis de comprendre que ce n’est pas facile d’arriver dans une entreprise. J’ai compris que l’on devait prendre du temps et bien expliquer ce que l’on fait. J’ai découvert que cela ne s’improvise pas et que même quand je croyais bien faire, cela ne fonctionnait pas. Tous les outils reçus vont me permettre de former les nouveaux. Passer par une école, c’est très bien mais le monde de l’entreprise, c’est autre chose. Pour ma part, 2 ou 3 mois de PFI, c’est l’idéal pour être mis dans le bain et apprendre les particularités de l’entreprise. Cela permet de s’adapter et de faire moins d’erreur.
Voilà, je crois avoir fait le tour de tout ce que je voulais dire sur ce métier qui me donne l’envie de me lever tous les matins! On passe beaucoup d’heures à travailler, alors autant travailler avec passion, vous ne trouvez pas ? ».